C’est une véritable levée de boucliers contre la maison olympique que viennent d’opérer plus de 30 pays européens. Réunis en vidéoconférence, les ministres des Sports ont débattu sur la présence ou non des athlètes russes et bélarusses aux prochains Jeux olympiques de Paris 2024.
Le Canada et 34 pays présents, incluant les États-Unis, l’Allemagne et l’Australie, demandent le bannissement des athlètes de ces deux pays aux prochains Jeux olympiques.
Le cabinet de la ministre des Sports Pascale St Onge, présente à la rencontre, a confirmé l’information à Radio-Canada Sports.
La position du Canada est claire : les athlètes russes et biélorusses doivent être bannis des Jeux olympiques 2024. Je l’ai réitéré à mes homologues internationaux et au président Zelensky», a écrit sur Twitter Mme St-Onge.
C’est le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a ouvert le sommet. Devant les ministres, il a une nouvelle fois dénoncé que la présence d’athlètes russes aux JO serait un signe de violence et d’impunité».
Tandis que la Russie tue et terrorise, les représentants de cet État terroriste n’ont pas leur place dans les compétitions sportives et olympiques, et cela ne peut pas être couvert par une prétendue neutralité ou un drapeau blanc», a-t-il ajouté.
Le dirigeant ukrainien réclame depuis des semaines l’exclusion des sportifs russes et bélarusses des prochains Jeux olympiques. Il a même envoyé une mise en garde au président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, en menaçant de boycotter Paris 2024 afin de protéger la charte olympique».
La riposte de Lausanne ne s’est pas fait attendre. Le CIO a envoyé une lettre au Comité olympique ukrainien dans laquelle il dénonce ces menaces qui vont à l’encontre des fondamentaux du mouvement olympique», tout en rappelant que le boycottage était en violation de la charte olympique».
Le président du CIO a ajouté que la participation sous bannière neutre de sportifs russes et bélarusses aux JO de 2024 n’a même pas encore été discutée en termes concrets».
Du côté de la France, le président Emmanuel Macron a déclaré qu’il va prendre position cet été. On sait que la maire de Paris, Anne Hidalgo, a changé de position et serait maintenant contre la présence des athlètes russes et bélarusses.
Cette rencontre des ministres des Sports est à l’initiative de Lucy Fraser, ministre des Sports de la Grande-Bretagne.
Nous devons réclamer au CIO qu’il démontre que les valeurs de l’olympisme signifient quelque chose. Nous devons être clair sur le fait qu’il y a des conséquences à cette invasion illégale», a-t-elle déclaré.
Nous ne pouvons pas autoriser que des athlètes russes s’alignent aux côtés de l’équipe britannique ou de n’importe qui autre sur la scène mondiale.»
À l’issue de la rencontre, le ministre des Sports polonais Kamil Bortniczuk s’est adressé aux médias de son pays pour parler d’un possible compromis avant d’envisager un boycottage».
À mon avis, la seule possibilité pour les athlètes russes et bélarusses de concourir à Paris est de rejoindre l’Équipe olympique des réfugiés en tant que dissidents russes et bélarusses participant sous le drapeau de réfugiés», a estimé M. Bortniczuk lors de la rencontre avec ses homologues d’autres pays.
Selon le ministre polonais, le choix de cette solution permettrait d’éviter des accusations de discrimination de personnes à cause de leur nationalité ou de leur pays d’origine.
Une chose est sûre, le CIO est maintenant face à un dilemme. Il dit qu’il ne faut pas politiser le sport, alors va-t-il occulter le fait que la Russie a envahi illégalement un autre pays et déclenché une guerre? La présence d’athlètes russes aux Jeux olympiques ne donnerait-elle pas une certaine légitimité à ce pays?
Même s’ils participent aux JO sous bannière neutre, les athlètes demeurent des modèles pour la Russie.
Si le CIO continue à maintenir la ligne dure et à accepter la présence des athlètes russes et bélarusses, il risque de voir ses anneaux, symbole d’union entre les continents, se défaire les uns après les autres.