La vie a donné un nouveau rôle à Jean-François Soucy, un artisan du monde du théâtre originaire d’Atholville, dans le Restigouche : survivre à un cancer préleucémique.
C’est tout sauf un rôle de composition le cas de celui qui habite maintenant à Toronto.
Un saut dans l’inconnu sur les planches de la maladie, qui viennent avec leur lot de difficultés physiques et monétaires qui se présentent à lui.
Malgré la gravité du diagnostic, le régisseur de théâtre âgé de 36 ans se dit très chanceux. C’est en faisant des tests de routine qu’il n’avait pas faits depuis des années que le verdict est tombé.
J’ai été chanceux. Ça fait drôle à dire dans un diagnostic de cancer », raconte-t-il.
Seul traitement : une greffe de cellules souches. Encore là, la chance lui sourit. Normalement, les gens atteints de ce cancer ont en moyenne 76 ans, deux fois l’âge de Jean-François.
Les donneurs compatibles sont aussi extrêmement rares dans le monde. Aucun membre de sa famille ne pouvait lui fournir la précieuse substance. Mais les médecins finissent par trouver un donneur compatible rapidement.
Seuls bémols, son système immunitaire est à reconstruire au complet et il doit suivre une convalescence d’un an. Mais c’est peu payé à ses yeux.
Les finances en prennent un coup
Pour le moment, Jean-François Soucy s’estime heureux de traverser cette épreuve sans trop de séquelles physiques. Chaque jour qu’il a passé à l’hôpital, il lisait son mantra. Patience et gratitude».
Mais son porte-monnaie en a pris un coup.
Il avait déjà eu du mal à composer avec la pandémie de COVID-19, qui a durement touché le monde théâtral. Alors que tout semblait rentrer dans l’ordre, le voilà de nouveau sur le carreau en raison du cancer.
Un choc financier également. Il y a bien eu l’assurance-emploi d’invalidité de 15 semaines et un peu d’aide de certains programmes destinés aux arts, mais il ne vit pas riche, comme on dit.
Le mur du sociofinancement
Pour s’en tirer, il envoie des courriels à toutes ses connaissances, dans l’espoir d’obtenir des contrats ici et là en théâtre. Il est prêt à prendre quasiment n’importe quoi. Mais en attendant, il vit dans l’incertitude financière, ce qui amène son lot de stress. Stress dont il se passerait bien en ces moments difficiles.
Arrive alors l’idée d’une campagne de sociofinancement sur les réseaux sociaux. C’est difficile à accepter pour quelqu’un d’indépendant comme lui.
Je me suis fait tordre le bras par une amie », explique avec amusement Jean-François Soucy.
Elle m’a dit “il y a des gens qui veulent t’aider, laisse-les t’aider. Ce n’est pas ta faute, ce n’est pas parce que tu es stupide, laisse le pendule revenir vers toi”. C’est incroyable le pouvoir du nombre. J’ai reçu tellement d’amour de ma famille et de mes amis. Ça me touche énormément. Quand je vous dis que je suis extrêmement chanceux…»
Un père de tout cœur avec son fils
À Atholville, dans le Restigouche, ses parents sont de tout cœur avec leur fils, malgré la distance qui les sépare. Toronto, ce n’est pas la porte d’à côté.
Merci mon Dieu d’avoir inventé les médias sociaux! », révèle avec joie Michel Soucy, son père et ancien maire du village.
Leur contact est quotidien. Les encouragements aussi, malgré le choc de la nouvelle pour papa.
Quand tu entends le mot cancer, tu te poses toutes sortes de questions sur la suite et comment ça va aller», reconnaît-il.
Michel remercie le ciel de voir la progression de son fils, mais trouve difficile de voir que ses finances en prennent un coup.
Quant à la campagne de sociofinancement, c’est une réelle providence. De voir la famille et ses amis venir l’appuyer à travers chaque don constitue un message plus grand que le simple fait de l’aider.
C’est un message d’amour des gens de l’extérieur. C’est un retour d’ascenseur», expose Michel Soucy.
D’ici là, pendant que le fils se bat, le père continue de bénir les réseaux sociaux qui lui permettent de garder un contact étroit malgré la distance.
D’après les informations de Serge Bouchard