Une des plus vieilles cloches d’Amérique du Nord finalement protégée par Québec

Une des plus vieilles cloches en Amérique du Nord, réalisée en 1732, sera finalement protégée. Le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mathieu Lacombe, émet un « avis d’intention de classement ». À terme, cette cloche mystérieusement disparue de Montréal depuis plusieurs années sera donc protégée et considérée comme un bien de valeur collective. Connue sous le nom de cloche de la Visitation, elle a d’abord été installée dans une mission d’évangélisation autochtone, puis au clocher de l’église de la Visitation du Sault-au-Récollet en 1751. Dans l’ancien français, le mot « sault » est un synonyme de chute. Il a été plusieurs fois questions de cette cloche dans les pages du Devoir.

Longtemps conservée à Montréal comme un rare artefact de la Nouvelle-France, la cloche du fort Lorette a disparu à la fin du XXe siècle, dans des circonstances pour le moins nébuleuses. Celles-ci ont conduit à des démarches policières. La cloche a finalement été retrouvée dans la vaste collection de cloches d’une collection privée de Rivière-du-Loup détenue par l’entreprise J. M. Bastille Acier.

Par ce geste, le ministre « reconnaît que ce bien patrimonial constitue un trésor national et il s’assure de le protéger au bénéfice des générations futures ». Cette cloche a été fabriquée par la famille Le Moyne, une dynastie de fondeurs établie dans la ville portuaire de Brest, en France. « Elle constitue aujourd’hui un témoin matériel important de la genèse de l’un des secteurs les plus anciens de l’île de Montréal. » Elle est aussi très rare. Il n’existerait plus, en Amérique du Nord, que quelques cloches de cette période.

Cette entreprise du Bas-Saint-Laurent soutenait, du vivant d’un de ses fondateurs, détenir « la plus grande collection de cloches du monde ». Elle était exposée, parmi d’autres, dans une sorte de musée en plein air aujourd’hui fermé. Comment s’était-elle retrouvée là ?

Sans qu’on sache trop ni comment ni pourquoi, une plaque commémorative, produite par le gouvernement et d’abord installée à Trois-Rivières en hommage au républicain Ludger Duvernay, se trouve aussi dans cette collection privée à Rivière-du-Loup, après avoir disparu de l’espace public.

Depuis plusieurs années, l’architecte Jocelyn Duff, membre de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC), traque la trajectoire de ces objets disparus. Le ministre l’a appelé personnellement jeudi soir pour le prévenir de sa décision d’entériner finalement un classement de ce rare objet patrimonial. M. Duff avait fait une demande en ce sens au gouvernement en février 2021, sans obtenir gain de cause. Depuis, l’histoire a été relayée plus d’une fois par les médias.

M. Duff espère comme d’autres que la cloche pourra finalement retrouver son lieu d’origine à Montréal. La Fédération histoire Québec se réjouit du dénouement de cette histoire qui traîne depuis des années.

À moins d’avis contraire et d’une contestation recevable auprès du ministère de la Culture et des Communications, la cloche de l’église de La Visitation devrait à tout le moins être protégée en bonne et due forme au terme d’un processus de consultation et d’une étude qui pourrait prendre au minimum cinq mois encore.

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