Trente personnalités québécoises affichent leur soutien à Amira Elghawaby

Exhortée à démissionner par une bonne part de la classe politique québécoise cette semaine, la nouvelle représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby, reçoit une dose de soutien. Dans une lettre publiée vendredi, 30 personnalités québécoises demandent de lui « donner une chance ».

La semaine n’a pas été de tout repos pour la militante des droits de la personne nommée tout récemment par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau. Mme Elghawaby, qui a déjà affirmé que « malheureusement, la majorité des Québécois sont [guidés] par un sentiment antimusulman », a été la cible de tirs groupés tant à la Chambre des communes et à l’Assemblée nationale. Selon plusieurs, dont le premier ministre François Legault et le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre, elle se doit de quitter.

Or, dans une missive parue vendredi, 30 personnalités issues de divers milieux au Québec appellent à tempérer le débat. « Nous sommes sensibles aux préoccupations qui ont été soulevées depuis sa nomination », écrivent-ils. Mais le défi qu’elle doit relever est de taille et nous sommes d’avis qu’il faut donner la chance à Madame Elghawaby d’exercer et de remplir le mandat pour lequel elle a été nommée. »

Cosigné notamment par le cofondateur de la Mosquée de Québec Boufeldja Benabdallah, par l’ex-conseiller de la Commissaire à la lutte au racisme et aux discriminations systémiques de Montréal Alain Babineau et par l’avocat Julius Grey, le texte rappelle que « Mme Elghawaby s’est excusée “sincèrement” cette semaine pour “la manière dont ses mots ont blessé” » les Québécois.

Mardi, la conseillère spéciale fédérale avait tenu à rectifier le tir en présentant ses excuses au sortir d’une rencontre avec le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. « Je suis convaincue, je le sais, je l’ai dit, que les gens québécois ne sont pas racistes », avait-elle martelé.

 

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Cela n’a pas convaincu le chef bloquiste, qui a demandé son départ le lendemain. À Québec non plus. « J’apprécie ses excuses, mais je ne crois toujours pas qu’elle a la crédibilité et la légitimité pour occuper la fonction », a signifié le ministre québécois responsable de la laïcité, Jean-François Roberge.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre François Legault avait accusé son homologue fédéral Justin Trudeau de cautionner « le mépris envers les Québécois » en maintenant Mme Elghawaby en place. L’élu fédéral, lui, persiste et signe : aux dernières nouvelles, il ne lui demandera pas de quitter. Mardi, il avait affirmé que les excuses de la représentante fédérale constituent une preuve qu’elle est « une personne sensible, qui est ouverte aux préoccupations des autres dans un dossier qui est difficile ».

Mme Elghawaby doit rencontrer Québec solidaire en début de semaine prochaine. C’est le seul parti à l’Assemblée nationale qui n’a pas expressément demandé sa démission jusqu’ici.

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