Au troisième jour de sa visite en République démocratique du Congo, le pape a mis en garde contre la “sorcellerie” et l'”occultisme” qui piègent la société dans “les griffes de la peur” et a exhorté les jeunes du pays à mettre de côté le “tribalisme” qui, au premier abord, semble “les renforcer dans leur groupe”, mais qui représente au contraire “la négation de la communauté”.

“Pensez aussi à la dépendance à l’occultisme et à la sorcellerie, qui vous piègent dans les griffes de la peur, de la vengeance et de la colère. Ne vous laissez pas enchanter par ces faux paradis égoïstes, construits sur des apparences, des profits faciles ou des religiosités erronées”, a déclaré le pontife lors de sa rencontre avec un groupe de jeunes au stade des Martyrs de Kinshasa, capitale du pays africain comptant le plus grand nombre de catholiques, et l’un des endroits au monde où les vocations continuent de croître.

Le pontife argentin a également mis en garde contre “la saleté de la corruption”, qu’il a définie comme la vertu de “garder les mains propres”, car “les mains qui trafiquent de l’argent sont tachées de sang”. “Si quelqu’un essaie de vous corrompre, vous promet des faveurs et des richesses, ne tombez pas dans le piège, ne vous laissez pas tromper, ne laissez pas le marais du mal vous engloutir”, a-t-il exhorté.

En revanche, il a mis en garde contre “la tentation de montrer quelqu’un du doigt, d’exclure quelqu’un d’autre parce qu’il a une origine différente”, des attitudes qu’il a qualifiées de “régionalisme” ou de “tribalisme”. “Il est plus facile de condamner quelqu’un que de le comprendre ; mais le chemin que Dieu nous indique pour construire un monde meilleur passe par l’autre, par le tout, par la communauté. C’est faire l’Église, élargir les horizons, voir son prochain en chacun, prendre soin de l’autre”, a-t-il réitéré.

Le pape a également évoqué l’influence des réseaux sociaux dans la vie des jeunes, soulignant que “parfois, ils les embrouillent”. “Nous ne pouvons pas nous contenter d’interagir avec des personnes distantes, voire fausses. La vie ne se choisit pas en touchant un écran du doigt. Il est triste de voir des jeunes qui passent des heures devant un téléphone. Après avoir fixé l’écran pendant si longtemps, vous regardez leur visage et vous voyez qu’ils ne sourient pas, que leurs yeux sont fatigués et ennuyés”, a-t-il ajouté.

“PARDONNER, C’EST CHANGER LE COURS DE L’HISTOIRE”.

Après avoir salué la foule à bord de la papamobile, le souverain pontife a écouté plusieurs témoignages et prononcé son discours dans la salle de sport de 80 000 places, dans lequel il a exhorté à ne pas croire aux “sombres complots de l’argent”. “Être honnête, c’est briller dans le jour, c’est répandre la lumière de Dieu, c’est vivre la béatitude de la justice : vaincre le mal en faisant le bien”, a-t-il déclaré.

Il a également axé son discours sur la nécessité du pardon pour réconcilier la société en RD Congo, un pays meurtri par la guerre et la violence. “Pardonner ne signifie pas oublier le passé, mais ne pas se résigner à sa répétition. Cela signifie changer le cours de l’histoire. Il s’agit de relever ceux qui sont tombés. C’est accepter l’idée que personne n’est parfait et que non seulement moi, mais tout le monde a le droit de recommencer”, a-t-il déclaré.

De même, il a assuré que le chrétien “n’aime pas seulement ceux qui l’aiment, mais sait arrêter avec le pardon la spirale de la vengeance personnelle et tribale” et a nommé le bienheureux Isidore Bakanja, qui a été longtemps torturé parce qu’il n’avait pas renoncé à témoigner de sa piété et avait proposé le christianisme à d’autres jeunes.

François, qui se déplace en fauteuil roulant en raison de douleurs aux genoux, rencontrera dans quelques heures le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, à la nonciature apostolique, l'”ambassade” du Saint-Siège dans le pays. Il se rendra ensuite à la cathédrale Notre-Dame du Congo, construite en 1947, où il prononcera un autre discours devant des prêtres et des religieux.

Comme il est de coutume lors de ses voyages, François conclura cette troisième journée de sa visite par une rencontre privée avec des membres de la Compagnie de Jésus.

Source: (EUROPA PRESS)